koalitionL’agriculture est un des points sensibles que doivent aborder les négociations pour former un gouvernement allemand. Pour aucun secteur, il n’y a autant de divergences à surmonter entre les trois partis qui engagent les négociations (pour le moment dites « de sondage ») en vue de faire naitre une coalition de gouvernement tricolore « rouge, jaune, vert » soit : SPD + FDP + Grünen.

L’autre coalition possible SPD + CDU est toujours dans les esprits, mais n’a apparemment plus que peu de chances de se confirmer, sauf échec retentissant de la coalition tricolore. La pire des solutions serait que l’agriculture ne soit pas traitée, et ne fasse pas partie des négociations en cours. Aussi, la question du compromis agricole qui peut sortir de ces négociations occupe-t-il tous les esprits.

Les oppositions existent surtout entre les libéraux du FDP et les Verts. Ne revenons pas en détail sur ces oppositions relevées à longueur d’années, mais soulignons une nouvelle fois le fond qui les oppose.

Les Verts sont un parti qui a surtout manié les règles et les interdictions, que ce soit pour l’environnement, les insectes, le climat, la consommation de viandes, les intrants agricoles ou la conduite des cultures.

La FDP fait plutôt confiance aux marchés et aux innovations, et considère l’agriculture comme un secteur économique comme les autres.

Sauf que les deux partis ne disent pas clairement comment l’agriculture ferait face toute seule, et sans aides accrues, au bien-être animal, à la protection du climat et de l’environnement, tout en offrant aux agriculteurs un juste niveau de rémunération de leur travail.

Les deux s’opposent sur l’utilisation des technologies modernes, de la reconversion des élevages ou du Génome Editing par exemple. Il leur faudra allier la volonté de moderniser et de protéger, pour faire face aux défis que l’on connait. Une remarque souvent faite ici : à force de naviguer en politique agricole au jour le jour, les Aldi, Lidl et Cie ont pris énormément de pouvoir législatif et règlementaire dans cette agriculture.

Evidemment un accord est possible, mais lequel ? Pour qu’il soit favorable à l’agriculture, les personnalités pondérées sont maintenant demandées, et elles existent dans chaque parti, en mettant en sourdine tous les bretteurs qui ont trop occupé les premiers rangs ces dernières années.

Reste la question de l'attitude choisie par les deux partis principaux, SPD et CDU. Le SPD peut devenir dans cette coalition tricolore le parti d’une politique agricole équilibrée, ce qu’il n’a pas été ces dernières années. La CDU/CSU passera par une rénovation de son personnel et de sa politique agricole, l’un et l’autre désavoués par les bulletins de votes, agricoles entre autres.
Ce qui serait souhaitable, dit-on surtout, c’est que l’on se mette rapidement au travail sur les objectifs que les grandes commissions sur l’avenir de l’agriculture ont tracé, et qu’on évite les sempiternelles « querelles d’Allemands » !