ozdemir 2Le nouveau ministre de l’agriculture allemand s’attribuait lui-même ce sobriquet das un livre récent. Souabe, il l’est par sa naissance il y a 55 ans à Bad Urach en Bade Wurtemberg, anatolien il en hérite de ses parents, des Turcs immigrés. Il est diplômé en « pédagogie sociale » ( ?).

Les Verts l’ont donc désigné pour devenir le nouveau ministre de l’agriculture de la République Fédérale.

Ca n’a pas été sans mal, et Ozdemir a dès le début fait les frais de la bataille qui dans son camp écologiste oppose Realos et Fundis, entre ceux qui admettent compromis et concessions, et ceux qui veulent du Vert pur et dur.

Ces derniers s’estiment insuffisamment bien traités dans les nominations pour le nouveau gouvernement, et espéraient obtenir ce ministère pour le très « cassant » bavarois Anton Hofreiter, chef du groupe Verts au Bundestag.

 

Le « Realo » consensuel Özdemir avait, lui, le soutien de Winfried Kretschmannn, le Ministre Président Vert de Bade-Wurtemberg, et du coprésident des Verts Robert Habeck, incontestablement l’un des futurs « hommes forts » du nouveau gouvernement, avec son super ministère de l’Ecologie et son poste de vice chancelier.
Steffi Lemke, la blonde ingénieure agricole grüne comme pas deux, un instant pressentie pour l’agriculture, doit donc se contenter de l’Environnement.

Cem Özdemir est membre des Verts depuis 1981 et il s’est fait connaitre pour ses positions concernant la jeunesse, le recyclage ou l’aide au tiers monde. Mais jusqu’à présent on l’avait peu entendu sur les questions agricoles bien que le président du DBV et président du syndicalisme agricole du Wurtemberg et lui se connaissent. Il était dans le passé député au Bundestag, puis du Parlement européen, et tête de liste des Verts aux élections de 2017 qui ont vu son retour au Bundestag.

En 2021 il a obtenu le mandat direct, avec 40 % des voix dans la circonscription de Stuttgart, où on lui prête des ambitions de succéder à Kretschmann. Mais ses thèmes préférés jusqu’à présent étaient la politique étrangère, et la politique d’intégration en Allemagne. Il a toujours été un farouche adversaire d’Erdogan et de son régime en Turquie. Il est marié à une journaliste d’origine argentine et père de 2 enfants. Cerise sur le gâteau : Cem Ozemir est végétarien.

Les réactions à la nomination de Cem Özdemir au ministère de l’agriculture.

Dans le secteur agricole il y a eu d’abord une réaction de surprise, et de soulagement pour avoir échappé à « l‘épouvantail » Vert bavarois Anton Hofreiter. Même le président du DBV a reconnu ne pas avoir eu Özdemir sur son « écran », bien qu’il le connaisse comme originaire de la même région que lui. On est quand même un peu étonné de la nomination à ce poste d’un ministre qui se soit peu fait remarquer concernant l’agriculture. Mais il s’agit avec Özdemir d’un poids-lourd Vert et ce ministre « réaliste » a une solide réputation à l’international, il est grand communicant et négociateur. Bref, comme on dit ici prudemment : « il mérite sa chance ».

Toutes les nominations de ministres ne sont pas encore connues, notamment celles du SPD, les Verts ayant confirmé les leurs pour le vote de ratification par les militants. Le SPD a une nouvelle fois, durant les négociations, montré son peu d’intérêt politique pour l’agriculture et son ministère, si ce n’est pour considérer qu’il y a suffisamment d’argent dont elle bénéficie.

Pour le moment les responsables agricoles demandent surtout que le nouveau ministre clarifie son interprétation de l’accord de gouvernement. On considère que dans cet accord le plus important manque, à savoir les engagements financiers. Et qu’on voudrait bien en savoir un peu plus par exemple sur le reconversion des élevages et l’acceptation des orientations de la commission pour l’avenir l’agriculture.


On relève que dans le domaine énergétique on prend bien des engagements financiers d’indemnisation de l’abandon du charbon. La PAC ayant été arrêtée, il reste néanmoins encore des incertitudes quant l’application des diminutions brutales préconisées par de Farm to Fork à travers les plans stratégiques nationaux, diminutions soutenues par les Verts au niveau européen.

De Cem Özdemir, végétarien déclaré, on a simplement appris jusqu’à présent qu’il veut renforcer les contraintes à imposer à l’industrie de la viande. Ca aurait pu mieux commencer… AM