klockner 7Evidemment, ce ne sont pas les responsables agricoles qui ont eu à fixer la date des élections législatives à fin septembre. On peut supposer que s’ils avaient eu à le faire, ils en auraient choisi une autre, plus tardive.

De quoi bénéficier le plus longtemps possible de l’espèce de paix agricole qui règne depuis quelques mois entre les différents partenaires, des écolos aux paysans en passant par les industries alimentaires, les consommateurs et surtout les intervenants politiques.

La base de cet éphémère consensus était simple : plus de protection de l’environnement et plus de bien-être des animaux d’élevage.

Autrement dit : plus de place pour les animaux et plus d’aide financière pour les agriculteurs. Le tout visait à calmer les contestations dans et autour de l’agriculture.

A ce (petit) prix, le débat électoral sur les questions agricoles a flotté jusqu’à maintenant dans un nuage imprécis, qui convient très bien à tout le monde. Mais après les élections, il va falloir reprendre les choses là où on les aura laissées. Et on craint déjà que les feux qui couvaient repartent de plus belle.

La ministre actuelle de l’agriculture Julia Klöckner est, quant à elle, persuadée que des bases solides qui n’existaient pas avant les élections ont été établies, et que les groupes divers ont appris à se parler. Pour elle, un futur gouvernement ne pourra plus revenir en arrière.

 

Regardons quand même de plus près ce que disent les programmes des partis politiques au sujet des élevages et du bien-être animal, qui étaient il y a peu au centre des empoignades publiques :

- les Verts continuent à déclarer les élevages industriels et les importations de viandes à bas prix incompatibles la lutte contre le changement du climat. Ils veulent un plafonnement des élevages en surface et en cheptel, dans des étables favorables au bien-être animal, cofinancées par un prélèvement sur les produits animaux. Ces produits doivent être identifiables selon les modes d’élevage. Et les pesticides seront taxés, promettent les Verts, qu’on veut bien croire au moins sur ce chapitre.

- le SPD veut un plafonnement des élevages, lié au foncier agricole, ainsi qu’une réduction de l’utilisation des antibiotiques, et un label étatique avec logo obligatoire pour le bien-être animal, afin de mettre fin à la jungle des labels d’entreprises.

- à la CDU/CSU on trouve l’affirmation de la volonté de sortir de l’augmentation permanente de l’efficience des élevages, entrainant des conditions industrielles. Le bien-être animal doit se régler à travers des contrats avec l’Etat. On y trouve également une demande de garantie de maintien pour 15 ans pour des investissements faits. La CDU/CSU demande par ailleurs un label européen de bien-être animal, et la création, à côté du bio, d’un label de durabilité pour l’agriculture conventionnelle.

- pour les libéraux de la FDP, le bien-être animal n’est pas une question de taille des bâtiments, mais de conduite des élevages et de l’état des animaux. Les élevages doivent être régulièrement contrôlés, au moins tous les 5 ans. Ce parti est également pour un label européen, et pour une disparition progressive des étables entravées.

- Die Linke, tout à gauche, veut un plafonnement des élevages, à la fois selon la densité de chargement à l’hectare et des demandes locales de produits animaux. Le plafonnement doit être régionalisé. Les produits animaux doivent être étiquetés par rapport aux modes d’élevage.

- pour AfD, très à droite, il faut quitter la politique agricole européenne qui coute des milliards et apporte plus de désavantages que d’avantages, et il faut revenir aux compétences étatiques nationales. Mais celles-ci n’ont pas à se mêler de la gestion des exploitations par les paysans, comme par exemple dans le cas des assolements. Il faut lier les élevages au foncier, et accélérer les autorisations des constructions qui tiennent compte de la protection l’environnement et du bien-être animal, et réduire les contraintes

Un seul commentaire : le test de résistance du consensus actuel va vite survenir après les élections, quand il s’agira de trouver les milliards et les milliards d’euros nécessaires au financement d’aussi vertueux programmes, qui tous s’abstiennent avec soin d’expliquer où l’on trouvera les sous… AM

(Ndlr : Ne soyons pas jaloux, les Allemands ne sont pas les seuls à s’amuser de ces petites facéties. Le savoir-faire français dans ce domaine est de haut niveau, on va sans doute le vérifier d’ici avril prochain.)

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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