inflationJanusz Wojciechowski, le Commissaire européen à l’agriculture, a récemment plaidé pour une augmentation du budget agricole européen.

Il parlait en fait surtout du budget de la prochaine période financière (à partir de 2027) en restant très discret et comme à couvert sur l’éventuelle actualisation monétaire des crédits votés pour la période financière en cours.

Il a indiqué dans des discussions en commission parlementaire qu’il avait peu d’espoir que ces crédits soient augmentés. Il a son opinion personnelle sur le sujet, que la Commission ne partage pas ! On attend en tout cas pour la fin de cette année la parution d’un rapport intermédiaire de la Commission européenne sur les financements en cours.

Les moyens financiers décidés jusqu’en 2027, soit 85 Mrds €, risquent de perdre en valeur plus de 30 % si l’inflation actuelle européenne devait se maintenir, ce qui constituerait une déstabilisation supplémentaire du revenu agricole. Ces crédits ont été retenus sur la base d’une inflation de 2 %, ce qui en outre limite toute intervention immédiate de la Commission aussi longtemps que l’inflation reste au-dessus de ce taux, comme pour les sécheresses par exemple.

 

Il ne s’agit pas de dessiner des scènes d’horreur, d‘autant moins qu’une certaine normalisation se dessine pour que l’on puisse espérer maitriser l’inflation, mais de désigner clairement les problèmes.

La Commission UE s’est aussi montrée plus large que dans le passé, depuis l’apparition des conséquences de la guerre en Ukraine, d’une forte inflation et de la pandémie du coronavirus. Mais on constate également à Bruxelles que les revenus agricoles ont évolué différemment dans les pays européens, bien qu’en moyenne ils soient en baisse. Reste donc qu’il sera difficile d’obtenir une unanimité pour actualiser les crédits de la période financière actuelle, avec tous les Etas membre qui ne mettent pas l’agriculture dans leurs priorités.

Il est vrai aussi que l’inflation va avancer également les discussions sur la PAC future, par rapport à ce que l’on pouvait attendre. Il ne sera plus question comme par le passé de lutter uniquement pour le maintien des crédits du budget européen, car les demandes augmentent.

Là aussi de grandes questions sont posées. Par exemple : les 10 Pays de l’Est-UE admettront-ils encore d’une façon ou d’une autre des différences dans les aides directes agricoles ? Une Ukraine en paix – Dieu l’entende !- se présenterait très favorablement à la porte de l’OTAN et de l’UE. Or c’est un potentiel récipiendaire géant d’aides directes, qui peut mettre à mal tout le système.

Plus inquiétant : à Bruxelles le bruit se répand le bruit que de plus en plus d’exploitations agricoles très productives pourraient renoncer aux aides directes, et aux contraintes de durabilité. C’est une argumentation qui va en droite ligne vers ce que certains préconisent depuis longtemps : concentrer les aides directes uniquement sur les petits et sur les compensations de contraintes environnementales et climatiques. 

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François Landrieu

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