berlin 2024La Semaine Verte de Berlin aura lieu du vendredi 19 au dimanche 28 janvier, et les conséquences des manifestations des derniers jours font peser beaucoup d’insécurités sur les programmes prévus.

Les leaders de ces manifestations demandent instamment au président Scholz de revenir sur ses projets de taxation du fuel agricole.

A noter qu’ils sont maintenant soutenus par plusieurs présidents de Länder, de la majorité CDU mais également du SPD.

Les organisateurs de Grüne Woche sont maintenant dans l’insécurité concernant la fréquentation, et craignent également des risques de dérapages dans la violence.

Cela s’est déjà vu avec le blocage de Habeck, le vice-chancelier Vert et ministre de l’Economie, sur un bac du Nord de l’Allemagne – il est vrai que cette action a été  immédiatement dénoncée par toutes les organisations agricoles qui y ont détecté l’influence de radicaux d’extrême droite.

Nul doute cependant que cette Semaine Verte berlinoise sera encore plus bruyante que d’habitude. Car ceux qui l’utilisent systématiquement pour clamer leur « satiété » (wir sind satt) d’une l’agriculture et d’une politique agricole actuelles, ne vont pas manquer de s’appuyer sur toutes ces manifestations.

Le gouvernement a donc touché au véritable détonateur que représente la suppression de la défiscalisation du diesel agricole et de la taxe sur les poids lourds utilisés en agriculture. D’ores et déjà, on note l’unité retrouvée dans l’agriculture allemande et des soutiens très large dans la société.

Pourtant, le DBV avait averti très longtemps en avance, en dénonçant le fait que l’agriculture ne comprend pas qu’elle soit appelée à boucher des trous laissés par la décision de la Cour Constitutionnelle sur l’affectation des 60 Mds du fond post-Covid.

Qui plus est, ce sont des économies plus que proportionnelles par rapport à celles demandées à tous les autres secteurs professionnels, constat confirmé par des Instituts économiques de renom. 

Dans ces manifestations, il ne s’agit pas seulement du diesel agricole. On a vu sur les tracteurs qui défilaient des panneaux demandant que le gouvernement « tricolore » disparaisse. L’opinion des agriculteurs de base a été malmenée par le lancinant projet de reconversion des élevages, jamais décidé, ni financé ;  ou par les fermetures d’élevages ici quand ils se développent ailleurs, sans logique apparente.

Les agriculteurs sont maintenant braqués contre ce qu’ils appellent une « économie d’oukases », inspirée par les Verts au pouvoir et par le ministre Özdemir, le « turco-souabe » comme il s’appelle lui-même un peu imprudemment.

Les agriculteurs sont remontés contre les mots un peu creux de leur ministre, toujours très compréhensifs vis-à-vis de son électorat Vert.  On dit qu’Ozdemir vise en fait la succession de Kretschmann, le mythique président Vert du Land de Bade-Wurtemberg. Mais le « turco-souabe » aura certainement des difficultés à reconstituer une coalition autour de lui, au regard ce que l’on voit dans les manifestations dans ce Land. Tout cela va aussi peser lourd sur la Semaine Verte proche.

Dans ce climat général, la rencontre de 70 ministres de l’agriculture venus du monde entier et de 200 autres invités de haut vol apparait à nombre de commentateurs comme « extrêmement éthérée ». Ces rencontres voulaient se constituer progressivement en « Davos agricole ». On n’en est pas là, et les préoccupations bien concrètes et bien immédiates vont encore s’imposer au premier plan. AM 

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François Landrieu

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