Les manif’ paysannes rapportent plus en Allemagne qu’en France… Alors que la FNSEA, après avoir mis quelques centaines de tracteurs aux portes de Paris, n’a obtenu qu’un rendez-vous le 3 décembre avec le Premier Ministre, le DBV a, lui, été reçu en grande pompe par Angela Merkel soi-même. La Chancelière avait même convoqué à la réunion quelque 80 représentants de 40 organisations agricoles – sans compter les militants écolos et welfaristes de service.
Trois remarques pour mieux caractériser ce qui se passe outre-Rhin. Premièrement, on peut dire que les manifestations ont eu lieu d’abord pour protester contre des nouvelles règles d’emploi des engrais, édictées récemment pour que l’Allemagne respecte la directive nitrates et eaux de l’UE.
Ces contraintes nouvelles ont rallié les exploitations de grandes cultures à la contestation, aux côtés des éleveurs qui y étaient déjà. En second lieu, sous le projet de protections des insectes, il y a en fait la question des produits de traitements de moins en moins tolérés et celle du glyphosate, en particulier.
Troisième remarque, les grandes manifestations récentes se sont produites hors du DBV, elles ont été organisées par le mouvement « Land schafft Verbindung » ce qui est une surprise en Allemagne.
La chancelière avait exclu d’avance un changement de cap de sa politique agricole. Dès le lendemain du sommet, tous ceux qui veulent un changement de cap ont réaffirmé cette volonté. Le problème, c’est que tout le monde n’a pas le même cap, ni les écologistes, ni les Verts, ni les Libéraux, ni les CDU/CSU, ni surtout les extrêmes du spectre politique et toutes les organisations sous leurs inspirations. Et maintenant le désaccord est dans les rangs du syndicalisme agricole unitaire, comme les derniers évènements viennent de le mettre en lumière.
Ces points soulignent l’objectif réel de cette commission pour l’avenir agricole, ou de Conseil national de l’agriculture. On n’est plus d’accord sur une ligne, et l’on se divise de plus en plus. Ni les politiques, ni les organisations professionnelles, ni les organisations sociétales n’ont trouvé de consensus. Alors une commission doit refixer le cap.
C’était à cela que visait ce sommet. La chancelière et la ministre de l’agriculture considèrent que ce sommet était le lancement d’un autre dialogue.
Il a été décidé que le président du DBV, Joachim Ruckwied, et le porte-parole de Land schafft Verbindung, Dirk Andresen doivent présenter un projet à ce sujet d’ici à février prochain. Un sommet en automne 2020 devra refaire le point. Mais entretemps, la chancelière reste, comme elle dit, « disponible, si jamais il y avait le feu ». AM