dennree 2Les mégastructures en bio, ça existe aussi…En Allemagne, une exploitation bio réunit maintenant 6.100 ha sous l’enseigne de la société spécialisée Dennree, en Thüringe. 

Le fondateur de Dennree, l’un des plus grands commerçants allemands en bio, Thomas Greim, avait acquis en 2015 la coopérative d’exploitation agricole Eichgut pour un prix de 20 Mio €, et l’a reconvertie en bio.

En janvier 2024 cette exploitation est passée sous statut d’entreprise, après les votes nécessaires.

Ce qui est à relever c’est que le rachat de l’exploitation ne s’est fait, comme dans bien d’autres cas du même genre, que pour 92,74% des parts. Ce « share deal » a deux avantages : il économise des impôts, et pour l’acquisition de parts il n’y a toujours pas besoin d’autorisations.

Dennree exploite 4900 ha en bio dont 1000 ha en STH et 3.000 en terres labourables avec 3.000 bovins, surtout des vaches. Il reprend maintenant l’exploitation proche de Grosszöbrn reconvertie en bio, spécialisée en production laitière et en multiplication de semences.

Ce qui pose problème, c’est l’activité de Dennree. Avec sa logistique, il livre 530 marchés bios autonomes sous marque « BioMarkt », implantés en Allemagne et en Autriche, en réalisant un chiffre d’affaires de 3,8 Mrds €, soit +5,8 % l’an dernier. Il est en plus adhérent du groupement Bioland, ce que beaucoup considèrent comme une trahison des principes de Bioland !      

Dans l’Est allemand, il existe des exploitations bios qui font exploser toutes les idées que l’on a introduit sur le bio pour justifier des financements. Ce sont des structures de plus en plus aux mains d’investisseurs extérieurs à l’agriculture, au moins aussi longtemps que les cessions de parts restent en dehors des contrôles du foncier. La discussion à ce sujet est animée et gène tout le secteur bio, car elle pose la question de savoir si on est encore face à du bio ou pas. Logiquement, disent ces investisseurs, le bio n’est pas une question de nombre d’hectares, mais de conduite de l’exploitation. Et c’est justement ce type d’argument que les bios rejettent dans la question de la protection des animaux, qui n’est pas non plus une question de taille des troupeaux, mais de leur conduite.

 La réalité est que dans l’Est allemand, les exploitations en bio sont plus grandes qu’à l’Ouest : 84 ha en moyenne en Sachsen, et 107 ha en Brandenburg. Beaucoup d’entre elles sont encore plus grandes : de 500 à 1000 ha et elles constituent un potentiel important pour des reprises du type Dennree. La plus grande reprise se trouve en Mecklenburg-Vorpommern. Elle appartient à Fiege logistique, de Nordrhein-Westfalen, avec un chiffre d’affaires de 1,3 Mrd €, et 12 000 salariés.

Son exploitation agricole bio se trouve dans la presqu’île Fischland-Darß en Mecklenburg-Vorpommern : 4600 ha, 4000 bovins, 1300 brebis-mères et 130 buffles d’eau Le propriétaire a acheté dernièrement du côté de Rostock deux autres exploitations à reconvertir, avec 2100 ha, 6000 vaches allaitantes et 150 vaches mères 

Pour finir, ce débat rampant pose la question de savoir ce que l’on finance avec la politique du bio. Au vu de ces événements récents, il semble, disent les spécialistes que ce soit les grandes structures de production bios aux mains de spéculateurs et pour des produits  qui finissent par remplir les caisses des discounters. Le BÖLW, la Fédération de toutes les entreprises bios, constate pour sa part qu’un peu plus des 2/3 du chiffre d’affaires de la consommation bio (hors ménages exclue) passe par les caisses enregistreuses du discount.

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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