Du jamais vu ! Tönnies et Greenpeace sont d’accord pour une augmentation de la TVA sur les viandes et pour faire passer celle-ci de 7% actuellement à 19 % !
Faut-il rappeler que Tönnies, acteur leader du marché allemand, abat plus de 20 Mio de porcs par an, et plus de 400 000 bovins. Et que Greenpeace est l’organisation qui encadre la majorité des actions en faveur de la protection des animaux, ce qui la met en confrontation fréquente et parfois violente avec Tönnies.
Or les deux demandent ensemble le passage du taux de TVA réduit actuel de 7%, au taux régulier de 19 %.
Le troisième partenaire dans ce débat, le ministre Vert de l’agriculture Cem Özdemir, semble obtenir ainsi du soutien dans sa volonté affichée de mettre fin aux prix de bradage. Mais… la coalition gouvernementale comporte aussi un certain FDP, qui en bon parti libéral ne veut pas entendre parler d’augmentation d’impôts ni de taxes.
La reconversion écologique des élevages, préconisée par les grandes commissions de la fin de la dernière législature, aura des couts très élevés. Elle ne sera entreprise, et ne réussira, que si son financement est clairement défini.
Chez Tönnies, on dit que cette augmentation ferait rentrer de l’argent dans les caisses publiques pour pouvoir financer de manière fiable cette reconversion. C’est aussi le moyen le moins bureaucratique. Il faut rappeler que sous le gouvernement précédent, une proposition alternative avait circulé, à savoir une taxe de 40 cts au kg de viande.
Tönnies ne veut pas de cette taxe, par crainte des coûts entrainés pour le groupe par son prélèvement. En outre un prélèvement uniquement sur les viandes allemandes constituerait un avantage pour les
concurrents européens. Mais taxer les viandes étrangères pour le bien-être animal en Allemagne ne passerait pas à Bruxelles, si les résultats n’étaient qu’au bénéfice des producteurs allemands.
Özdemir ne s’est pas prononcé jusqu’à présent sur le financement de la reconversion des élevages. Le contrat de coalition dit seulement que le nouveau gouvernement développera un système de financement qui sera porté par les participants du marché, et avec lequel on compensera les coûts et investissements dans les exploitations agricoles.
Le problème de Cem Özdemir, c’est la position du partenaire gouvernemental FDP, qui est plus que sceptique vis-à-vis d’une augmentation de la TVA, et d’une manière générale de toute solution fiscale.
Jochen Borchert (82 ans, ex ministre CDU/CSU de l’Agriculture 1993-1994), ex-président de la commission éponyme, vient de dire que la solution TVA est aussi une possibilité de diminuer les subventions, et qu’ainsi la FDP pourrait prétendre respecter ses engagements électoraux de ne pas augmenter les impôts ! Mais à la FDP on développe encore un autre argument : augmenter la TVA à 19 % ne ferait qu’augmenter l’écart entre viandes de qualité et viandes premier prix, et orienter trop de consommateurs vers ces dernières.
Malgré ces discussions qui durent, la coalition gouvernementale veut introduire encore cette année, un « paquet » de décisions concernant l’identification obligatoire des modes d’élevage et les permis de construire les bâtiments d’élevage. Le ministère de l’agriculture cherche lui aussi une solution, dit-on du côté des fonds pour le climat…