Jan Krysztof Ardanowski, le ministre polonais de l’Agriculture, a annoncé la volonté de son gouvernement de réunir quelque 40 entreprises étatisées de la branche alimentaire en une grande holding d’Etat.
Les coopératives de consommation y seront intégrées et permettront ainsi, selon le gouvernement, de soutenir l’agriculture polonaise.
Les coopératives de consommation ont fait savoir qu’elles souhaitaient effectivement s’intégrer dans cette holding alimentaire, selon une lettre du président de l’Union de ces coopératives, adressée au Premier-ministre Mateuz Morawiecki.
L’Union des coopératives de consommation va mettre à la disposition du projet gouvernemental ses capacités de production et de distribution, ainsi que sa logistique. Ce groupe réunit 1260 organisations individuelles des secteurs agriculture, transformation, commerce de gros et de détail, en particulier les 2400 magasins sous marque Spolem.
Ce plan de regroupement devrait augmenter la capacité de négociation des opérateurs polonais face aux groupes internationaux fortement implantés en Pologne, comme par exemple Schwarz /Lidl.
Il y a quelques mois, les autorités de la concurrence de Varsovie ont examiné à la loupe les prix et les abus de puissance dans le secteur. Biederonka, du Portugal, s’est vu imposer une trentaine de pénalités d’un montant d’environ 160 000 €, en particulier pour absence d’indications de l’origine des fruits et légumes. Ces pénalités sont tombées après plainte du ministère polonais de l’Agriculture.
Selon les projets ministériels, la holding alimentaire d’Etat devait se constituer autour du sucrier polonais Krajowa Spòlka Cukrowa, qui a d’ailleurs déposé en décembre 2019 une demande d’enregistrement d’un logo pour la holding.
A côté de cet empire sucrier, l’Etat polonais dispose de participations dans 40 autres entreprises du secteur agricole et de l’industrie alimentaire.
Selon le secrétaire d’Etat Artur Sobòn, la holding sera constituée sur la base des organismes existants, mais les médias locaux parlent d’acquisitions supplémentaires de 17 entreprises privées de production et de commerce de gros.
La participation des coopératives de consommation est le pas important, de la pénétration de l’Etat polonais dans la distribution. Sobòn annonce également que cette holding issue du portefolio de l’Etat doit renforcer la compétitivité de l’agriculture polonaise, et celle de l’industrie alimentaire. La consolidation en un groupe d’entreprises doit avoir lieu au quatrième trimestre 2020 avec l’assistance de la société de conseil KPMG.
Le ministre de l’agriculture Jan Krysztof Ardanowski a, par ailleurs, confirmé une aide de 220 mio € pour les secteurs de base lait et viandes afin de faire face aux conséquences de la pandémie.
Le président Andrzej Douda, récemment réélu, a annoncé le dépôt d’un projet de loi au Parlement pour la protection des exploitations agricoles familiales. La constitution polonaise considère l’exploitation familiale comme le pilier de base de l’agriculture.
(Ndlr : Il y a longtemps qu'on ne s'étonne plus vraiment de certaines bizareries polonaises, depuis que ce pays est dirigé par un gouvernement prêt à tordre le bras aux règles européennes. Sans préjuger des initiatives de cette future holding d'Etat, dont la seule existence évoque singulièrement un passé polonais qu'on croyait révolu, on peut s'interroger sur les conditions concurrentielles qui seront faites aux entreprises, polonaises ou non, qui ne feront pas partie de cette holding.)