La production porcine chinoise, en partie démantelée par les épizooties depuis plusieurs années, est en train d’opérer un redressement rapide. Et spectaculaire. Et surtout sur la base d’une restructuration totale des outils de production. Porcheries géantes, mega abattoirs, subventions ad libitum, tout est grand, très grand, en un mot : chinois.
Voyez l’énorme complexe d’élevage de Muyuan Foods près de Nanyang qui comptera 84 000 truies en capacité totale. C’est un exemple que Pékin veut faire prospérer et il y aura d’autres installations de cette taille.
Du côté des abattoirs, l’hécatombe réalisée ces dernières années a été massive et sans doute douloureuse ; il y avait plus de 20.000 installations méritant plus ou moins le titre d’abattoir, il n’y en a plus que 5000, et parmi ceux-ci le nombre de grands abattoirs augmentent vite. Un très-très grand est en construction, sa capacité finale est prévue à 8 mio de porcs/ an.
La Chine restructure également le négoce du bétail avec la multiplication des plateformes de négociations. La plateforme Internet Spem commercialise maintenant des millions de porcelets et de porcs. Ces plateformes sont utilisées pour le commerce d’animaux et de produits, mais également pour orienter ces courants commerciaux et pour gérer le routage des transports dans l’espace chinois, les camions en particulier.
Les aides de l’Etat sont massives, quasi illimités depuis l’épizootie de PPA. L’Etat indemnise les porcs abattus dans le cadre de la lutte contre cette maladie. Il subventionne la construction des porcheries et l’utilisation de génétique moderne, ainsi que l’achat de semences de verrats améliorateurs. Il aide le stockage des lisiers et des fumiers, même s’il faut relever que les problèmes d’environnement sont moins prioritaires que dans les déclarations politiques. Les transports de porcelets et de porcs à abattre sont exonérés du paiement des péages sur les autoroutes. Le gouvernement accorde des subventions importantes pour l’optimisation de la protection contre les épizooties.
Le gouvernement central tente aussi, pour répondre aux oppositions de la population voisine de ces porcheries, de déplacer la production porcine des zones urbanisées vers des zones qui le sont moins. L’objectif des programmes pour une répartition de la production porcine plus équitable sur le territoire est de l’orienter vers les régions céréalières du Nord chinois, et d’aboutir finalement à un développement maximum de la production porcine dans les zones de production de fourrages, en utilisant des plans de répartition des usages des sols.
Mais il reste partout des problèmes de productivité à améliorer, notamment en production de porcelets. Les conditions sanitaires et d’hygiène dans les élevages de porcs sont encore, le plus souvent, très mauvaises. La formation du personnel est déficiente et les grandes sociétés d’élevage ne trouvent pas assez de personnel qualifié.
Pour les exportateurs vers la Chine, les très beaux jours sont sans doute en train de se terminer. Mais il reste des perspectives pour les vendeurs européens, leurs produits de qualité et leurs garanties sanitaires.AM