Le nouveau gouvernement fédéral a affiché de grandes ambitions pour développer l’agriculture bio, mais concrètement il y a bien peu de propositions nouvelles.
Un climat de doute commence d’ailleurs à se répandre, sur le ministre lui-même, et maintenant sur le dogme de la culture bio.
La coalition gouvernementale a annoncé l’objectif d’un triplement de la production bio d’ici à 2030. Or les surfaces actuellement exploitées en bio en Allemagne atteignent environ 10 % de la SAU, et l’on ne voit pas se dessiner l’objectif ambitieux de ce triplement en huit ans.
Est-il déplacé de rappeler que la ministre Verte de l’agriculture Renate Künast avait fixé en 2001 l’objectif de passer en 10 ans de 3 % à 20 % de surfaces en bio ? On n’y est toujours pas !
L’intérêt de certains agriculteurs pour passer au bio reste fort dans la catégorie des moins de 50 ha.Ces exploitants espèrent plus de revenu, et moins d’imprévisibilité sociétale. Mais ils attendent aussi plus de primes, même si le gouvernement autorise, dans des conditions qui restent à préciser, une combinaison entre programmes du premier et du second pilier de la PAC. Or la réforme de la PAC rogne les primes.
Pour ce qui est de la demande en produits bios, le gouvernement veut prescrire une part de bio dans les cantines du secteur public. Mais les gérants desdits établissements ont la machine à calculer vissée dans la main, et n’hésitent pas à recourir aux produits bios importés moins chers. Même les choux, les oignons et les carottes bios, qui sont pourtant les cultures légumières de plein champs typiquement allemandes, sont de plus en plus importées car moins chères, et surtout depuis la pandémie.
Il s’agit de savoir maintenant si le bio résistera à la pression sur les prix de la part de la grande distribution, surtout quand l’argent du contribuable devient plus rare. La rareté était dans le passé le soutien des prix du bio. Subitement la hausse des couts de production annihilent les bonifications en prix pour les producteurs. L’exemple le plus flagrant actuellement est celui du lait bio, mais ce sera la même chose en production de légumes, surtout après l’augmentation du salaire minimum. En Autriche, pays du bio, la grande distribution utilise dans ses marques de distribution de plus en plus de produits bios importés, moins chers.
Le ministre de l‘agriculture, Cem Özdemir, vient de remettre à Bruxelles sa copie du plan stratégique allemand d’application de la PAC. S’il a des excuses concernant le retard, et pour une partie du contenu qui est l’héritage de l’ancienne majorité, il n’en a pas pour le programme phare de l’actuelle majorité. Malgré un calendrier serré, dit-on, il aurait pu prendre de nouvelles décisions, comme d’ailleurs on l’attendait. La vérité tout nue est qu’en réalité il n’avait tout simplement pas d’autres idées nouvelles pour réaliser un plan bio ambitieux.
Du coup, un certain climat se dessine. Il dit que ce ministre utilise énormément les annonces, les généralités, jusqu’aux platitudes comme certains n’hésitent plus à le dire. Et pour le bio, voici le doute s’installe, et l’on constate déjà qu’il ne s’agit plus une « vache sacrée » non-contestable…