La guerre en Ukraine a catapulté les prix des céréales conventionnelles à des records, et même à leur doublement par rapport à il y a un an dans beaucoup de cas. Ce n’est pas le même constat pour les prix des céréales bios.
Une partie des céréales conventionnelles atteint même un prix plus élevé que celui des bios, ce qui ne s’était jamais vu jusqu’à présent. Dans tous les cas, l’écart entre les deux catégories de céréales s’est singulièrement réduit.
Les prix de gros pour le blé ont franchi la barre de 400 €/t, certains de très loin, et sont tout proches du prix des bios. Ces mêmes niveaux étaient y a un an de l’ordre de 250 €/t, prix déjà élevés par rapport au long terme. Pour l’avoine et le seigle, le conventionnel est plus cher que le bio.
L’écart s’est pincé, et même si les cours de bios ont progressé un peu, leur augmentation est limitée - sauf pour les céréales fourragères bios. Ceci montre que les augmentations de prix des bios ne vont plus de soi. Ils sont déjà élevés dans le détail et possèdent peu de marges d’augmentations supplémentaires dans une conjoncture d’augmentation globale des couts de l’alimentation. Le blé bio panifiable a augmenté de 60 €, à un prix autour de 490 €/t, et celui du blé conventionnel a augmenté de +200 €/t à environ 430 €/ t.
Il faut observer que le marché, les flux et les prix des céréales conventionnelles sont mondiaux, alors que ceux des céréales bios sont plus ou moins locaux, - plus ou moins car les importations sont parfois importantes, bien que soumises à des contrainte élevées pour éviter les « contagions » des deux marchés.
Les produits issus d’exploitations en conversion bio ont approvisionné dans le passé à prix réduits le marché des céréales fourragères bios. Cette source spécifique est aussi en difficulté. La demande en produits bios, qui a augmenté pendant les périodes « chaudes » de la pandémie, recule à nouveau.
L’augmentation des couts est un facteur commun entre bios et les conventionnels. Pour les conventionnels on peut espérer récupérer au moins une partie des augmentations de prix des engrais et traitements dans la hausse des cours. Pour les bios, les couts par contre ont augmenté plus que les prix, avec des rendements qui sont de moitié. Le seigle et l’avoine conventionnels dépassent en prix les bios : 410 € t prix de gros pour le seigle conventionnel contre 390 pour le bio, et 385 €/t pour l’avoine contre 360 €/ t pour le bio.
Pour le lait, les écarts de prix entre bio et conventionnel se sont réduits de plus de moitié en un an. Les prix du lait conventionnel augmentent plus vite que les prix du lait bio. L’écart de plus de 16 cts/litre s’est réduit de moitié, et la fin du rattrapage du lait conventionnel n’est pas encore en vue.
Prenons le cas de l’Allemagne, pays du lait bio s’il en est. En février le prix du lait conventionnel en Allemagne était de 44,5 cts, il est en augmentation de près de 12 cts/an, et pour le bio l’augmentation était de +4 cts à 52,9 cts.
Le marché du lait bio est un marché réduit, de l’ordre de 4 % dans le marché allemand. La production du lait bio a augmenté l’année dernière de + 2,6 %, alors que le lait conventionnel a diminué de 2,3 %.
Mais cette différence n’est pas la cause principale de l’augmentation des prix. Ce recul est en face d’une demande en expansion partout, à la suite de la pandémie. Les couts de production augmentés touchent les deux catégories de producteurs, mais le poids des couts est plus élevé en bio, pour des rendements moindres et des augmentations plus faibles de prix.
Le prix élevé au détail du lait bio se fait sentir dès lors que les consommateurs économisent face aux offres conventionnelles suffisantes. Le prix du lait conventionnel s’oriente encore à la hausse…
Au début de l’année dernière le lait bio à la production était à 49 cts, contre 32,8 cts en conventionnel, soit un écart de 16,2cts. En février 2022 on était à un prix de +12cts à 44,5 /kg pour le conventionnel, le lait bio a aussi augmenté, mais d’un pas plus petit, de d’à peine +4 cts à 52,9cts. L’écart n’était plus que de 8,4 cts, soit de moitié de ce qu’il était un an avant.
Les consommateurs eux aussi sont en face de l’évolution de ces prix et de l’explosion de leurs charges d’utilisation d’énergie et des couts de l’alimentation. Devant leurs réactions actuelles, on estime qu’une nouvelle progression du conventionnel reste possible. AM