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Le Commissaire à l’Agriculture, le polonais Janusz Wojciechowski (68 ans), a déclaré devant le récent Conseil des ministres de l’Agriculture de l’UE que les exportations ukrainiennes étaient désormais revenues à un niveau comparable à celui d’avant la guerre

C’est un succès, dit-il, à la fois de l’accord sur l’ouverture des ports ukrainiens, et des « corridors de solidarité » de l’Union Européenne. En mai 2022, quelques 12,5 Mio t de céréales, de graines et de produits d’oléagineux ont été exportées d’Ukraine par voie terrestre à travers ces corridors de solidarité.

Ces exportations ne dépendent pas de la volonté du président Poutine, et sont donc plus fiables.

Les exportations par voies maritimes restent néanmoins dans l’insécurité. Une mise en cause de l’accord aurait des conséquences dramatiques. Il n’est pas assuré non plus que les agriculteurs ukrainiens soient en mesure, à cause de la guerre, de produire suffisamment de produits alimentaires. Le Commissaire a demandé aux ministres européens de maintenir leur solidarité avec l’Ukraine.

Wojciechowski considère que l’augmentation des prix de l’énergie est un énorme défi, et il annonce à nouveau pour le 9 novembre une communication sur l’approvisionnement en engrais. Elle doit présenter les moyens d’aider les industries d’engrais et les agriculteurs à faire face à cette situation.

Elle doit également traiter la question de savoir comment on peut réduire l’utilisation des engrais à long terme sans risques pour la sécurité alimentaire. Il cite l’exemple de la Finlande qui a réussi au cours de la dernière décennie à réduire de 25% l’utilisation des engrais, tout en obtenant 25% de rendements en plus. Il est impératif de réduire et de diversifier la dépendance de l’UE des livraisons d’engrais provenant d’Etats tiers.

Les inquiétudes restent importantes dans la branche à propos de l’accord sur l’ouverture des ports ukrainiens, car on ne voit guère les arguments économiques qui pousseraient Poutine à prolonger cet accord, qui doit être renouvelé à fin octobre. Même en cas de renouvellement, cette route resterait fragile, à portée de missiles russes.

Poutine met en cause les exportations qui ne seraient pas « humanitaires » comme prévu, mais serviraient à fournir de l’alimentation animale à des pays de l’Ouest.
La Russie a de son côté récolté cette année plus de 90 Miot de blé, soit +15 Miot sur l’année antérieure, qu’il faudra vendre sur le marché mondial, en concurrence directe avec le blé ukrainien.

Petit bémol du côté européen : on considère que les voies terrestres ouvertes pour l’exportation de ce blé ukrainien ne sont pas aussi efficaces qu’elles pourraient l’être, notamment en Pologne.  AM