La SEMAE, l’interprofession française des semences et plants, qui représente l’ensemble des acteurs de la filière (63 fédérations et associations), a publié récemment une analyse inquiète de la situation de cette filière.
Elle fait appel au président de la République et au ministre de l’agriculture afin de « garantir une répercussion équitable de la hausse des coûts ».
Depuis fin 2021, l’ensemble de l’économie française est touché par Elle constate que crise économique et énergétique actuelle a provoqué une hausse « sans précédent » des coûts de production, de collecte et de distribution des plants de pomme de terre.
La France est le 2e producteur et exportateur mondial de plants de pomme de terre. La filière compte 800 agriculteurs producteurs et plus de 200 producteurs-vendeurs pour 23.500 ha de multiplication, 4 obtenteurs de variétés, plus de 60 collecteurs et des milliers de distributeurs partout en France .
Il s’agit également d’une filière d’excellence, avec un des systèmes de certification les plus exigeants au monde, qui produit plus de 650.000 t. de plants certifiés chaque année (plus de 250 mio € de chiffre d’affaires), dont 250.000 tonnes exportées, soit un excédent commercial de plus de 80 mio €. Enfin, elle fournit près de 400.000 t. de plants chaque année à la filière pomme de terre française et lui permet, par sa richesse variétale et la qualité de ses plants, de se placer parmi les plus gros acteurs mondiaux.
La hausse des charges enregistrée depuis plus d’un an affecte la filière plant à tous les niveaux. Les opérateurs sont tous impactés par la très forte augmentation du coût des engrais, de l’énergie et de la main d’œuvre. La production 2022 est annoncée en baisse de -10 à -15% en raison des épisodes de canicule et de sécheresse de cette année. D’autre part, la hausse des prix de l’électricité (+300% attendus en 2023) va peser sur les coûts de stockage au froid, indispensable à la conservation des plants.
En conséquence, le prix de revient du plant pour les producteurs va augmenter. Sachant que ce dernier représente jusqu’à un tiers du coût de production de la pomme de terre, c’est toute la filière aval qui va être impactée en 2023. Les collecteurs rencontrent déjà des difficultés pour répercuter équitablement les hausses de prix du plant et de leurs propres charges à leurs acheteurs français ainsi qu’à l’export.
Par ailleurs, les bouleversements induits par le conflit en Ukraine et la crise céréalière fragilisent déjà le secteur, et nombre de producteurs s’interrogent sur la possibilité de maintien de cette production techniquement et économiquement exigeante. Après une première baisse inédite depuis 20 ans en 2022, un nouveau recul des surfaces en plants est déjà anticipé pour 2023.