moisson 3C’est bien sûr du ministre italien de l’agriculture, Francesco Lollobrigida, par ailleurs neveu de la célèbre actrice, dont on parle ici.

Il vient de proposer de rendre possible un service civil volontaire dans les exploitations agricoles, et prévoit d’emblée un budget de 7 Mio € pour un Institut pilote.

En Italie le service militaire obligatoire a été supprimé en 2005. Mais depuis, les 18/28 ans peuvent effectuer un service volontaire de 12 mois, « dit service civil universel », contre une indemnisation forfaitaire, dans les secteurs soins, protection civile, environnement, propreté des villes.

Le ministre annonce, pour la première année d’essais, le recrutement de 1000 volontaires pour l’agriculture.

L’objectif est de soutenir la production agricole et d’améliorer les connaissances sur les process de production agricole et alimentaires « made in Italy ».  

Cette initiative (pas si bête…) entraine quand même quelques réserves chez les experts sourcilleux du droit italien, qui en effet sourcillent devant l'utilisation éventuelle d'une main d'oeuvre gratuite dans tel ou tel secteur de l'économie.

Les uns disent que dans l'état actuel de ce droit, un service civil n’est possible que dans les organisations d’intérêt général, c'est à dire pour des travaux non soumis à l'exigence de rentabilité. Les autres pensent que ce service est déjà envisageable avec les règles actuelles, en dépit des objectifs légitimes de profitabilité des exploitations agricoles.

Comme le suggère un ministre français: état-de-droit ou état-du-droit, tout ça, ça se discute...

coriandre

La sombre affaire qui entoure en Occitanie les subventions à la culture bio de la coriandre est venue à la connaissance de la presse allemande, qui en fait ses choux gras depuis quelques semaines.

Elle rappelle que ce marché de la coriandre, encore très limité en France comme en Europe, a vu brusquement, dans la Gers et en Occitanie, les surfaces en demande de reconversion bio multiplié … par 7 en un an.

Elles sont passées de 1800 ha à 11 700 ha en 2024, l’aide pour la reconversion bio étant, en France, de 900 €/ha. L’argent vient de la PAC, mais le montant de la subvention est fixé dans les Etats, ce qui expliquerait que l’on n’ait pas vu ce développement ailleurs.

Philippe Camburet, Président de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB), a d’ailleurs estimé que devant une telle multiplication des surfaces demandées, la Commission européenne aurait dû tirer immédiatement le signal d’alarme.

En réalité, selon la FNAB, seuls 9 % des exploitations qui ont demandé cette aide de reconversion pour la coriandre étaient réellement bio… ce qui montre, à tout le moins, le bel opportunisme de certains exploitants conventionnels.

Ceci dit, l’administration régionale ne sort pas grandie de cette affaire : lorsqu’en juin, elle s’est rendu compte de ce qui se passait, et qu’elle n’aurait de toute façon pas l’argent pour payer, elle a, dit-on là-bas, tout simplement « omis » de prévenir les professionnels. Qui ont ensemencé, cultivé et récolté près de 12.000 ha de coriandre !

On n’en manquera pas cet hiver pour les soupes et les omelettes, et l’avitaminose K devrait disparaitre des diagnostics…

lait publicite chineUne demande faible de la part des consommateurs locaux, sensibles aux prix, moins de naissances et une conjoncture économique affaiblie provoquent une pléthore non souhaitée dans le lait en Chine. En même temps, les élevages laitiers se sont développés, et les petits éleveurs ont été éliminés.

Telles sont les conséquences de la politique de Pékin de soutenir fortement le secteur laitier soit à travers la consommation, soit en favorisant le développement direct des élevages.

De surcroit des couts élevés et les suites du scandale de la poudre de lait de 2008, avec maladies et décès d’enfants, diminuent les possibilités d’exportations laitières de la Chine.  

La conjoncture qui traine et une population qui vieillit affaiblissent la demande en produits laitiers, fromages, crèmes ou beurre. La consommation par tête de lait a baissé de 17,4 kg en 2021 à 12,4 kg en 2022, dernière année connue dans les statistiques chinoises. La production laitière chinoise est passée de 30,39 Miot en 2017 à 42 Miot l’année dernière, en dépassant les objectifs de Pékin de 41 Mio t pour 2025.  La Chine est devenue n°3 mondial de la production laitière.

Les prix du lait étaient inférieurs aux couts de production de 0,5352 $ /kg en 2022, ce qui a conduit beaucoup d’entreprises à fermer et d’autres à diminuer leurs troupeaux en livrant les bêtes pour un marché de la viande bovines désormais lui aussi en excédent de production.

biorayonLa Cour Européenne des Comptes étrille sévèrement la politique pour l’agriculture biologique de l’Union Européenne, dans un rapport spécial rendu public au moment où Bruxelles va faire des propositions législatives PAC pour 2025, et va délibérer sur les plans stratégiques des Etats.

Pour la Cour, le soutien à l’agriculture bio est inefficace : malgré les 12 Mrds investis depuis 2014, les objectifs environnementaux et les objectifs de marchés ne sont pas atteints. Les 25 % d’agriculture bio pour 20230 ne seront pas réalisés non plus. Les finances européennes subissent d’énormes pressions, rappelle le rapport de 60 pages.

De 2014 à 2022, c’est 12 Mrds € d’aides PAC qui sont allés à l’agriculture bio, et de 2023 à 2027, encore 14,7 Mrds € de plus prévus pour ce secteur qui révèle d’importants manques.

Malgré ces investissements importants, les produits bios ne représentent que 4 % du marché alimentaire avec un chiffre d’affaires de 45 Mrds €. Même si de 2014 à 2022 le chiffre d’affaires en produits bios a plus que doublé, leurs parts de marché reste faible.

La stratégie de développement du secteur bio montre des déficiences importantes. Même si le plan actuel est en amélioration par rapport au précédent, il ne contient pas non plus pas d’indications quantifiées pour la fixation des objectifs et de mesures prises, ni de possibilités de mesure de la progression. Il n’y a pas de données fiables sur les conséquences des aides, et les instruments actuels de l’UE sont inadaptés.

La part des surface aidées est passée de 3,2 % en 2014 à 6,9 % en 2021. En 2023, il n’y a que 10,5 % de la SAU (17 Mio ha) en exploitation biologique. En 2020 les bovins en élevage bio représentaient 6 % du cheptel total ; 3,6 % pour les volailles et 1 % pour les porcs.

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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